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Objet de culte pour les uns, ou nouvelle forme d’expression artistique pour d’autres. Synonyme de consommation de masse, ou production prestigieuse. Sujet privilégié d’une presse spécialisée, ou objet de recherches et d’analyses, souvent sociologiques et plus rarement esthétiques. La série, qui occupe aujourd’hui un champ semblant rivaliser de plus en plus avec l’industrie cinématographique, attend encore de sortir de l’ornière analytique dans laquelle les études littéraires et de sciences sociales ou de la communication la maintiennent.
Un écran étendu
Les frontières entre les espaces et les sources de l’image animée (cinématographique et audiovisuelle) sont de plus en plus poreuses, à tel point que les écrans en viennent à se confondre : un film se regarde aujourd’hui aussi bien sur une tablette que dans une salle de cinéma. Derrière ces nouvelles habitudes une question demeure cependant : celle de la place du spectateur et d’un éventuel changement des pratiques tant pour lui que pour les créateurs. Si le chemin qui mène le film de l’espace collectif de la salle à la sphère domestique et individuelle est devenu commun, celui qui mènerait la série des « petits écrans » vers le « grand » est plus rare. Et pourtant, il faut se souvenir que la série n’est pas née avec l’avènement de la télévision mais trouve l’une de ses origines dans le « serial » : ces avants-programmes diffusés en salles de cinéma dans le premier quart du 20ème siècle et qui proposaient en feuilleton des aventures rocambolesques que les spectateurs suivaient chaque semaine.
Hors-séries
La série est une histoire « à suivre » en dépassant le phénomène de société et la dimension économique pour la traiter comme un objet cinématographique. C’est raconter « la série en cinéma » en interrogeant notamment un acte de création qui serait une nouvelle approche de l’expression artistique s’inscrivant à l’intérieur de formes cinématographiques plus anciennes. C’est revisiter la série non plus comme un univers isolé mais au contraire comme un champ ouvert sur le cinéma, avec ses filiations et ses références. C’est enfin la redécouvrir avec le regard du cinéphile afin de l’évoquer en termes de mise en scène, de genres et de récits, dans une mise en relation avec des cinéastes et des films.
Thierry Cormier est conférencier, formateur et consultant en cinéma et audiovisuel. Il a publié régulièrement dans des revues spécialisées ou des ouvrages collectifs, il a été enseignant à l’université de Caen Basse-Normandie et a coordonné des actions d’éducation au cinéma et à l’image.